La réaction des gens autour de Jésus est compréhensible.
Ils le voyaient devant eux. Ils l’écoutaient. Ils
pouvaient même le toucher. L’entendre leur dire: «
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle », résonnait comme un scandale, comme une
folie. « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa
chair à manger? ». C’est absolument impossible.
Quand il avait dit: « Donnez-leur vous-mêmes à
manger » alors qu’ils n’avaient que quelques pains
et quelques poissons. C’était impossible. Et pourtant il
y en eut pour tout le monde.
Quand il avait dit: « Lazare, viens dehors »
alors que celui-ci était au tombeau depuis quatre jours
déjà. Ils n’en crurent pas leurs yeux quand ils virent
celui-ci s’avancer et sortir du tombeau. Et combien
d’autres fois encore Jésus leur avait prouvé son pouvoir
extraordinaire sur la vie.
Cette fois encore, il allait un peu trop loin à leur
goût. Mais ils en avaient vu tellement d’autres. Aussi
bien rester avec Lui.
À la Cène, le Jeudi soir, Il a commencé par leur
laver les pieds et puis après au repas, quand il prit le
pain et le leur donna Il dit: « Ceci est mon Corps.
Ceci est mon Sang. » Ils n’ont pas tout compris.
Tout était encore loin d’être clair. Et le lendemain
soir, ses disciples même les plus fidèles s’enfuirent
tous lorsqu’il fut arrêté. Le don de sa vie, la
souffrance, resteront toujours des mystères intolérables
s’ils ne sont pas joints au mystère encore plus
incroyable de la résurrection.
Lorsque Jésus fut ressuscité ils comprirent qu’on se
nourrit à son corps glorieux et non à son corps de
chair. Que cette nourriture a comme but de nous faire
grandir dans l’amour et nous rendre capables d’aller
plus loin, d’aller jusqu’au bout du don de nous-mêmes
pour les autres comme lui l’avait fait.
Les premiers chrétiens à travers les siècles ont
compris. Ils sont innombrables ceux et celles qui ont
suivi Jésus et ont dépassé les limites du possible par
amour pour leurs frères et leurs sœurs. Voilà ce à quoi
nous invite notre participation à l’Eucharistie.
L’Eucharistie sans amour sera toujours un contre
témoignage pour ceux qui nous regardent. Et l’amour, à
l’exemple de Jésus, sera toujours intolérable pour les
incroyants.
2000 ans de foi à l’Eucharistie devraient nous aider
à y adhérer de tout notre cœur. Mais encore aujourd’hui
tout geste d’amour qui dépasse l’ordinaire à cause de
l’Eucharistie peut provoquer une réaction étonnée, elle
peut même être provocatrice pour ceux qui en sont
témoins.
Que notre participation au mystère eucharistique nous
fasse grandir dans l’amour en nous permettant de devenir
de plus en plus ce que nous avons reçu, le corps du
Christ. |