Quatorzième dimanche du temps ordinaire - (Année B)
Semaine du 7 juillet 2024


Prendre le temps

 
Réjean Parent a écrit une chronique publiée dans Le Journal de Montréal de samedi le 4 avril 2020 avec le titre Confinement et rapprochement. Il y écrit qu’au-delà des inconvénients et des craintes qu’a suscités la crise sanitaire, il faut aussi savoir apprécier l’opportunité qu’elle a offerte de se rencontrer sur l’essentiel. »

De nos jours, le temps est ce qui manque le plus, toutefois le confinement imposé en avait redonné une bonne provision à la plupart des Québécois. Il appartenait à chacun de le rendre profitable à son bien-être! »

À notre manière, nous avons trouvé l’arme la plus puissante contre le virus, celle de continuer de se réunir. Vivre avec l’être aimé en prolongeant les moments de bonheur comme une bouffée ou une activité de loisir, a constitué le meilleur médicament contre la déprime en ces temps de réclusion. Ce même samedi, Odile Tremblay écrivait dans Le Devoir que la période de repli sur soi que nous avons connue pouvait se transformer en occasion idéale pour lire et même relire des classiques. »

Nous proclamons au long de l’année que le temps nous manque. Et, si nous prenions le temps pendant l’été qui vient de nous ressourcer, de nous reposer et d’en profiter pour lire comme au temps du confinement. Lire nous entraîne ailleurs et certaines œuvres sont si belles qu’on relit une phrase déjà passée pour mieux savourer une deuxième fois sa cadence, sa portée, son style, profitant de chaque moment.

C’est justement ce que je m’apprête à faire. Pour une fois que le temps prend tout son temps, j’ai tout mon temps pour lire des livres d’un autre temps. J’y découvre plusieurs belles phrases, de belles images et, surtout, un regard différent parce que je prends mon temps pour les savourer. Cela me permet de retrouver le silence. Il arrive parfois que dans le silence et la chaleur de l’été, une voix s’élève, simple murmure, prière à peine sensible, souffle léger et chaleureux qui vient de mon for intérieur.

Il arrive aussi que le Seigneur profite de ce temps si précieux pour nous parler. Alors, « comme un arbre sans eau, comme une nuit sans aurore, je me retrouve devant Lui, comme l’écrit si bien Georges Madore, cette soif qui nous brûle, ce désir qui nous habite, ce manque qui nous fait mal, est notre plus grande richesse. Car c’est l’abîme que le Seigneur veut remplir, le cri auquel  Il vient répondre, le berceau où Il choisit de naître »

 

Texte de René Lefebvre

Proposé par l'Abbé Jacques Dorélien,
Prêtre-curé des paroisses Marie-Reine-des-Cœurs et Saint-Fabien