L’an dernier, le Pape François a célébré une messe à la
basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, à l’occasion de son
voyage au Québec. Loin d’être anodin, le nom de ce lieu
de culte demeure un élément important pour les Premières
Nations depuis plus de 300 ans. C’est ce que rapportait
la Presse canadienne. La grand-mère de Jésus est
aussi valorisée chez les Québécois et Québécoises comme
elle l’est encore aujourd’hui chez les Premières
Nations. « Les traits de femme forte de Sainte Anne et
ses pouvoirs de guérison ont suscité l’intérêt et
l’adhésion des Premières Nations à ce personnage,
explique le professeur d’anthropologie, Denis Gagnon.
Grâce à son titre de grand-mère, Sainte Anne représente
le pilier de ces grandes familles intergénérationnelles
qu’on trouve chez les Premières Nations ».
« Très tôt, les Premières Nations ont entendu parler
du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, fondé dans les
années 1660 et ont commencé à fréquenter l’endroit »,
mentionne le professeur. Les premiers colons de la
Nouvelle-France vénéraient eux aussi Sainte Anne à titre
de protectrice contre les dangers de la navigation, ce
qui a contribué à transmettre la force de cette dévotion
auprès des peuples autochtones.
« Son titre de grand-mère fait en sorte que les
Autochtones la comprennent eux aussi comme une
protectrice parce que, chez eux, les grands-parents ont
une fonction de protection », affirme le professeur
émérite des religions, Louis Rousseau. Les miracles
attribués à Sainte Anne ont, dès le XVIIe siècle, eux
aussi permis de développer l’intérêt des Premières
Nations pour cette grande sainte. « C’est un personnage
avec qui on peut intercéder pour avoir des faveurs. »,
fait valoir Denis Gagnon.
La neuvaine qui précède la fête de Sainte Anne, le 26
juillet, attire toujours de nombreux fidèles des
Premières Nations. Le chef de l’Assemblée des Premières
Nations, Ghislain Picard, estime qu’il y a désormais un
meilleur équilibre dans la pratique spirituelle, alliant
traditions et religion. « Il y a une réappropriation de
nos valeurs traditionnelles, qui incluent les valeurs
spirituelles, sans délaisser la religion catholique. Il
y en a plusieurs qui ont appris un peu à marier les deux
», avance-t-il. |