Trente-troisième dimanche du Temps ordinaire - (Année C)
Semaine du 17 novembre 2019


Souffrance

 

On connaît tous un jour nos souffrances personnelles : déceptions, privations, frustrations, maladies physiques, malchances, accidents plus ou moins graves, revers d’argent, deuils, et que sais-je encore. C’est pourquoi, lorsqu’on entend parler de la souffrance des autres, on a la conviction d’être en terrain connu.

As-tu remarqué ton attitude lorsqu’un ami te parle de sa souffrance ? Tu es porté inconsciemment à la comparer à celle que tu as toi-même connue et il t’arrive même d’exprimer tout haut cette similitude entre lui et toi. Un peu comme si le fait de lui dire que tu as déjà écrasé ta voiture contre un arbre allait réparer la sienne qui vient de se faire emboutir par un camion !

Et que dire de ces fameuses visites au salon funéraire ou devant le chagrin des autres, on ne trouve d’autre attitude que de s’informer    « comment c’est arrivé » ou encore de déclarer que le défunt à l’air    « naturel » ! Certains, plus relevés, vont affirmer devant la souffrance qu’ils vont « prier pour toi » ou qu’ils auront une « pensée positive » à ton égard. Mais ces paroles, si nobles qu’elles soient, ne réussissent pas vraiment à apaiser la souffrance. Le problème, c’est peut-être que tu n’as jamais connu la souffrance, la vraie, celle qui t’arrache les tripes au point de te donner l’envie de te jeter en bas d’un pont pour ne plus la sentir te coller à la peau; cette souffrance physique ou morale (peut-être la pire) qui te hante jusque dans tes nuits cauchemardesques et ne te laisse nulle autre issue possible que la dés-espérance, justement parce que tu sens que tu ne t’en sortiras pas.

Si un jour tu la connais cette vraie souffrance, celle qui te brise moralement ou physiquement, alors tu auras vraiment appris comment accueillir celle de l’autre pour une présence silencieuse. C’est la plus chaleureuse marque de respect et le réconfort le plus salutaire que tu puisses manifester. Et peut-être qu’alors ton ami découvrira en toi le vrai visage du Christ et qu’il te soufflera à l’oreille : « Je sais que tu es là … »

 

Texte de Bernard St-Onge / www.railleries.ca

Proposé par l'Abbé Jacques Dorélien,
Prêtre-curé des paroisses Marie-Reine-des-Cœurs et Saint-Fabien