Vingt-troisième Dimanche du Temps Ordinaire - (Année C)
Semaine du 8 septembre 2019


Porter sa croix

 

Un jour, quelqu’un m’a raconté cette histoire …

« Seigneur, Seigneur, s’écria un homme en arrivant au ciel. Ma croix sur terre a été trop lourde. J’aurais été bien meilleur disciple si seulement j’avais eu un fardeau plus léger. » Aussitôt, Jésus l’amena visiter un immense jardin. Sur place, l’homme fut bien étonné de découvrir un grand nombre de croix déposées çà et là sur le sol. En lui pointant ces croix de grandeurs et de matériaux variés, le Seigneur lui demanda : « Dis-moi, mon brave, parmi toutes ces croix, laquelle aurais-tu choisie ? »

Après quelques hésitations, l’homme se dirigea vers une petite croix, tout au fond du jardin. Prestement, il essaya de la mettre sur son épaule, mais peine perdue … Cette croix dépassait nettement ses forces. N’abandonnant pas la partie, il essaya encore vaillamment quelques croix, mais, malgré leur petite taille, elles étaient toutes plus pesantes les unes que les autres. Son regard se fixa enfin sur une croix placée juste à l’entrée du jardin. Le regard brillant, il l’essaya et dit : « Cette fois Seigneur, j’ai trouvé; voilà la croix qu’il m’aurait fallu, ni trop grande, ni trop petite … » Le Seigneur sourit alors et lui dit : … « En vérité, mon ami, tu as bien choisi. Car cette croix, vois-tu, c’était la tienne, celle que tu as déposée en arrivant. »

Jésus nous dit que celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière lui ne peut pas être son disciple. Qu’est-ce qui fait que notre croix nous semble si lourde à porter ? Et si la réponse à cette question était simplement le fait qu’on essaie trop de la porter seul notre croix. Un grand souci de la personne humaine demeure son besoin d’autonomie.

Jésus nous invite à prendre notre croix, mais il ajoute : « pour marcher derrière lui ». Habituellement, quand quelqu’un marche devant nous, il essaie de nous faciliter la route en éliminant le plus possible les dangers, ou du moins en nous les identifiant pour qu’on fasse attention. À moins que la personne qui nous précède manque de savoir vivre. J’imagine que ce n’est pas le cas de Jésus : Il se préoccupe toujours des gens autour de lui, encore plus de ceux qui en arrachent dans leur vie.

Porter sa croix, c’est s’engager à faire de notre vie un don continuel par amour, un partage de nos talents au service de la communauté, pour bâtir la communauté … c’est un appel à tout faire pour demeurer heureux dans le service des autres. C’est ne pas fuir la réalité quotidienne en la maquillant par notre imagination, c’est accepter avec joie et confiance la routine des jours successifs, en sachant comme une certitude que tout ce que nous vivons a de l’importance aux yeux de Dieu. 

 

Texte de Gilles Baril, prêtre

Proposé par l'Abbé Jacques Dorélien,
Prêtre-curé des paroisses Marie-Reine-des-Cœurs et Saint-Fabien